J’ai préparé une série d’articles de Montpellier à Nantes en passant par Toulouse.
Je te propose de découvrir quelques-uns des projets professionnels pour cette année 2018
que nos étudiants ont réalisé et présenté lors de leur oral de BTS.
Je commence avec Clémentine en Design d’Espace et son projet
sur une structure mobile et évènementielle, parcourant les routes de Lozère.
Mais avant, qu’est-ce que le design d’espace ?
DESIGN D’ESPACE
Le BTS Design d’Espace forme des concepteurs d’espaces.
Apprendre à concevoir des réalisations pérennes ou éphémères,
aménager des lieux de vie intérieurs comme extérieurs, privés comme publics.
Une formation, à la fois artistique et technique, qui pourra ensuite ouvrir les portes de l’architecture.
Les étudiants qui choisissent cette voie, sont entre autres, formés aux métiers
de l’aménagement de l’espace, de l’architecture, des techniques de construction et de la scénographie…
Les deux années d’études du BTS Design d’Espace se concluent par le passage de l’examen.
Les étudiants réalisent un projet professionnel, qu’ils devront présenter lors d’un oral à l’examen.
Ce projet permet de mettre en pratique leurs compétences
et de montrer leurs capacités à s’investir dans un programme de design d’espace.
projet de synthèse DEsign d’espace, série 1
UCHRONIE structure mobile & évènementielle
présentation
La Lozère est un département rural où l’agriculture prédomine et l’activité touristique prospère,
on y aime les produits de qualité.
Réputée pour sa faune et sa flore variées, la Lozère est un espace riche au sein duquel l’isolement est présent.
Par sa topographie, le département se voit contraint du point de vue des échanges socioculturels.
L’objectif, au sein de cet espace, pour le Conseil Départemental, est avant tout de préserver ses espaces,
jouer de ses atouts, tout en apportant un soutien aux villes les plus enclavées mais enclines
à accueillir une structure permettant de remédier à ces manques.
En 2011, l’UNESCO a distingué le territoire des Causses et Cévennes, en tant que paysage culturel
de l’agro-pastoralisme méditerranéen. Particulièrement représentatif de la diversité des paysages
façonnés au cours d’une histoire millénaire par les hommes et leurs activités d’élevages.
Le Conseil départemental de la Lozère et l’Association des Maires de Lozère se sont engagés sur ce dossier.
Le Conseil départemental proposa la création d’une micro-architecture nomade avec pour objectif
de renforcer les échanges et consolider la diffusion socioculturelle permettant de valoriser
le savoir-faire local mais aussi l’histoire de la région.
Le projet attendu est une micro architecture nomade qui s’inscrira sur les places principales
de plusieurs villages lozériens, de manière périodique. Cette structure devra se moduler pour promouvoir
plusieurs types d’événements: concerts, dégustations de produits locaux, lectures, conférences …
Cette micro architecture se devra
– d’être fonctionnelle de mars à novembre (en raison des conditions climatiques hivernales)
– et d’héberger au moins trois intervenants dans un module à part
(par soucis de commodité et de gestion/surveillance de la structure).
PROJET & AXE
un espace socioculturel itinérant en lozére
A l’occasion de ce projet, le Conseil départemental désirait créer un espace socioculturel gratuit,
pour accueillir diverses manifestations qui parcoureraient la Lozère et s’arrêteraient dans différentes villes.
La contrainte : un seul véhicule pouvant recevoir 3 intervenants et disposer d’un espace public fermé.
Cette micro-architecture devra créer du lien social et promouvoir le savoir-faire local pour tout type de public.
Elle sera opérationnelle sur 9 mois de l’année, se monter rapidement et devra s’adapter à chaque ville.
Ainsi, ma problématique sera :
comment créer une architecture nomade qui s’intégrera et s’adaptera aux particularités de chaque lieu ?
Pour répondre à la demande, mon projet consistera en la création d’une structure modulable fixée
sur un châssis Al-ko d’utilitaire Fiat.
Cette structure sera dotée de douche solaire, de toilettes sèches, de trois espaces de nuit
pour les intervenants, d’un espace de rangement pour leurs biens personnels et d’un espace de stockage
pour la structure d’accueil du public.
UCHRONIE structure mobile & évènementielle
révélateur de liens sociaux et culturels
au sein du département lozérien.
À la manière d’une charpente inversée, tant complexe que surprenante,
la structure créée pour ce véhicule apporte à la fois confort, fonctionnalité et accueil.
Ce module hexagonal viendra se déployer sur les places des villages en s’adaptant à chacune d’elles.
La modularité permettra à la structure de créer des sous-espaces fonctionnels : un espace scénique,
des espaces de nuit augmentés par une extension textile imperméable semblable à une toile de tente, etc…
La totalité du module fonctionnera avec des panneaux solaires (éclairage, prises et eau chaude sanitaires),
lors des événements, le véhicule viendra se brancher sur le réseau électrique de la ville.
Dans le but de réaliser une infrastructure pouvant accueillir du public,
un chapiteau sera mis en place afin de protéger les usagers des intempéries diverses (pluie, neige, soleil, etc).
Celui-ci s’inspirera de la forme du cocon, il représentera à la fois un espace protecteur, de bien-être,
mais aussi un espace ouvert à tous.
De plus, il fera signal dans la ville, s’y démarquera afin d’appeler les usagers à s’y rendre.
Ce chapiteau sera composé d’arcs gonflables ainsi que de toiles souples tendues entre ceux-ci.
Cette architecture permet la création d’emplois et traversera le département,
pour s’enrichir et nous enrichir continuellement à travers ses voyages.
interview
Pourquoi avoir choisit ce projet ?
J’ai choisi ce projet car il me tenait à cœur. Vivant en Lozère depuis l’âge de huit ans, c’est un département
qui à su m’émerveiller tout au long de mon enfance de par ses paysages magnifiques.
Pourtant, en grandissant, j’ai pu constater qu’il s’agissait aussi d’un territoire contraignant.
L’isolement représente un atout et une vraie contrainte pour le développement de cette région.
La Lozère est un département dont le cœur s’articule autour d’une préfecture, Mende.
Autour de cette ville, le département est parsemé de plusieurs autres villes de moins grosse envergure
qui ne demandent qu’à révéler leurs atouts culturels et se développer, pourtant l’isolement géographique
entre ces villes est un obstacle à ce développement, à la communication entre les villes et surtout à l’échange.
Ce projet était, pour moi, l’occasion de soulever des problématiques autour de la Lozère,
c’était également l’occasion de valoriser les atouts de celle-ci…
Comment s’est passé la collaboration avec l’annonceur ?
Il s’agit d’un projet fictif, il n’y a donc pas eu de réelle collaboration avec l’annonceur.
Néanmoins, pour acquérir suffisamment de connaissance autour de la région, des moyens de construction
adaptés, etc… j’ai souvent fait appel à des professionnels locaux, spécialisés dans divers domaines
tels que les constructions en bois, les solutions écologiques permettant l’autonomie, l’architecture textile.
Chacun de ces collaborateurs a apprécié suivre l’évolution de mon projet, et constaté qu’il ne pourrait
qu’apporter un plus au département si celui-ci venait à être réalisé.
J’ai toujours eu un fort soutient tant du côté de ma famille, de mes amis, que des locaux face à ce projet
et je n’ai cessé de demander leurs avis pour créer un projet qui réponde, au mieux,
aux besoins de chacun et s’adapte aux mieux aux caractéristiques du lieu.
Quelles ont été tes sources d’inspirations ?
Mes sources d’inspiration ont avant tout été portées autour de l’architecture nomade.
Lorsque mon projet s’est concrétisé, je me suis intéressée en particulier au travail d’Absalon,
un architecte, designer, et urbaniste israélien qui travaillait autrefois autour du minimalisme urbain.
Celui-ci réalisa notamment la création de « cellule de vie« , des unités modulaires blanches proposant
des aménagements spatiaux pour les villes.
Ces créations, à la fois sculpturales et architecturales avaient pour particularités d’être des espaces
minimalistes, invitant, de manière spartiate, à prendre part à un environnement multifonctionnel.
L’architecture Japonaise a également été très révélatrice dans mon projet.
Les « capsules-hôtels » très répandus là-bas étaient pour moi une autre source d’inspiration idéale
pour étudier l’aménagement des espaces réduits.
La « Capsule Tower » de l’architecte Nakagin est un très bon exemple d’architecture combinant l’aspect
spartiate et multifonctionnel typique de l’univers japonnais.
peux-tu nous présenter ton axe et sa problématique ?
La principale problématique autour de laquelle mon projet s’articule est la suivante :
comment créer une architecture nomade qui s’intégrera et s’adaptera aux particularités de chaque lieux ?
Pour répondre à cette problématique, il a fallu développer deux grands thèmes :
l’aspect nomade de l’architecture, puis la distinction privée/public de l’espace.
Ces deux grands thèmes ont été travaillés séparément pour en extraire les meilleures solutions
pour ensuite être mis en commun de sorte à pouvoir donner forme à un projet concret.
Aujourd’hui après l’obtention de ton BTS,
comment envisages-tu la suite ?
Grâce à l’obtention de mon BTS, je peux désormais partir en Belgique, réaliser une licence en
Architecture à l’Université Libre de Bruxelles (ULB).
Je suis acceptée en deuxième année de licence et j’ai la possibilité, grâce à leurs options très variées,
de me spécialiser dans l’écologie et la durabilité du bâtiment.
Cette faculté internationale propose dès les premières années un large panel de spécialisations
avec pour objectif d’offrir à chacun un domaine de compétences plus poussées et adaptées à chacun.
AS-tu des projets personnels à venir ?
Pour la suite, j’aspire à trouver un emploi dans un pays du nord tel que le Quebec, la Finlande,
ou la Suède dans une agence d’architecture, avec pour atout ma spécialisation.
Pourquoi ces pays ?
Car il s’agit de pays où l’architecture écologique est au delà d’un domaine de compétences,
un point incontournable et crucial pour le développement futur du pays.
Pour eux, le rapport entre construction et environnement est basé sur le respect mutuel.
C’est pourquoi j’aimerai pouvoir me sentir utile,
apprendre des techniques de constructions durables
et écologiques plus élaborées,
pour éventuellement, plus tard, revenir en France et développer celles-ci
afin d’y sensibiliser davantage notre pays.
J’espère pouvoir vivre dans un monde où ce genre de technique n’est pas exclusif, mais que cela entre
dans nos mœurs. Ainsi, cela apporterait à l’architecture un rapport plus humain et basé sur le respect
tant de l’environnement que de nous mêmes.
Merci à Clémentine.
Je nous souhaite qu’avec ta volonté et ta sensibilité
tu puisses appliquer ta vision de l’architecture.