Ancien étudiant de l’Esma Toulouse,
Damien aka Psena nous parle de son parcours, ses projets autour de son amour pour les lettres.
Une rencontre, entre le sens d’un mot, son dessin, son caractère; qui rend les créations de Psena
justes et urbaines.
Passionnée de design graphique PSENA nous offre ses typos sur mesure sur son compte Instagram.
Je te laisse le découvrir !
BONJOUR PSENA, PEUX-TU TE PRÉSENTER À NOS LECTEURS
ET RETRACER TON PARCOURS ?
Bonjour, Damien aka Psena, 29 ans, toulousain.
J’ai commencé à peindre grâce à mes potes Antoine et Gauthier, il y a maintenant plus de 10 ans.
J’ai toujours gribouillé sur mes feuilles de cours, mais rien de sérieux ou potable…
C’est vraiment le graffiti qui, au fil des années m’a amené à gratter la feuille sérieusement
afin de tenter de développer une approche singulière.
Après avoir fait un DUT qui n’avait rien à voir, je me suis laissé une année pour voyager avec mon frère,
ce qui m’a permis de me recentrer sur ce que je voulais.
Pour l’anecdote, j’ai postulé pour rentrer en Manaa à l’ESMA Toulouse, depuis un hamac au Cambodge
devant le Mékong !
Passionné par le dessin de la lettre, j’ai fait cette manaa avec l’objectif d’effectuer le BTS Design Graphique.
Après ce BTS j’ai enchainé sur une Licence pro Graphisme et conception éditoriale à Chaumont
(le digital ne m’a jamais vraiment attiré, le papier c’est comme la lettre, son aspect en dit déjà beaucoup).
À la fin de mon stage de licence à Paris, j’ai commencé à travailler en Freelance, d’abord sur Paris
puis de retour à Toulouse, pendant 2 ans environ.
En décembre dernier j’ai intégré l’agence de communication culinaire Spatule Prod’,
dans laquelle j’évolue depuis en CDI.
QUEL EST LA SIGNIFICATION DE TON BLAZE ?!
C’est le verlan de mon blaze avec lequel j’ai commencé à peindre « Naps » ( les siestes en anglais),
c’était une période ou j’adorais me taper des grandes siestes, c’est toujours le cas
mais je suis plus sur une base de micro-sieste après le repas.
COMMENT A ÉVOLUÉ TON GRAPHISME DE LA RUE À L’ÉCOLE
ET AUJOURD’HUI DANS LE MONDE PRO ?
Mon approche du dessin de la lettre a commencé à évoluer dès la manaa, en commençant à aller vers
le lettering. Mais c’est vraiment en BTS Design graphic, que j’ai évolué, apprenant un peu plus en profondeur
les bases typographiques que ce soit d’un point de vue historique ou pratique.
Mais avec du recul c’est en partie grâce à Romy, ma prof d’expressions plastiques à l’époque.
On devait tout au long de l’année travailler notre univers perso pour créer à la fin de l’année un livre d’artiste.
Elle m’a pas mal « clashé » sur le fait que la plupart de mes dessins étaient du graffiti même si je tentais
de m’en éloigner constamment. Ça m’a poussé à développer la lettre avec une autre approche,
à tester de nouveaux médiums sur de nouveaux supports…
Aujourd’hui dans le monde pro, on me fait de plus en plus confiance sur mon délire, par conséquent
j’arrive de plus en plus à travailler sur des projets
qui me ressemblent
et où je peux me faire plaisir que ce soit à mon compte, pour des décos murales ou même au sein de l’agence où j’évolue.
PEUX TU NOUS DÉCRIRE TON UNIVERS TYPO – GRAPHIQUE ?
COMMENT TU AS TROUVÉ TON STYLE ?
QUELLES SONT TES RÉFÉRENCES ?
Vous l’avez constaté, c’est le dessin de lettres qui me passionne, c’est donc une base de travail
dans toutes mes productions.
Ce n’est jamais évident de définir son univers, j’essaie tout le temps d’évoluer, de tester de nouvelles choses.
Mais comme dit auparavant, mon approche de designer graphique se ressent très fortement dans
ma manière de structurer mes compositions typographiques. Je n’aime pas les fioritures, les imperfections.
Je sais pas si j’ai un style très défini. J’aime évoluer, essayer, expérimenter. Peut être que dans un an
mon travail n’aura rien à voir. Il évolue depuis des années grâce à des rencontres, des découvertes d’outils, des contraintes liées à des projets…
Je vous donne pas mal de références actuelles plus bas mais d’un point de vue classique,
elles passent par des graphistes comme Neville Brody, Herb Lubalin, Théo Van Doesburg,
forcément le mouvement du Bauhaus.
Mais les références sont partout que ce soit dans un tag avec un flow de malade, les devantures
de peintres en lettre, l’architecture ou encore le mobilier.
La ville qui nous entoure est une source de références inépuisables et en constante évolution.
QUEL IMPACT A POUR TOI LA TYPOGRAPHIE ?
L’esthétique d’une lettre a une puissance tellement incroyable sur le ressenti de ce qu’on lit.
Comme on dit, on peut écrire 300 fois le même mot avec une esthétique différente à chaque fois,
il véhiculera 300 émotions différentes.
C’est passionnant de voir comment elle a évolué avec son temps et ses courants artistiques,
depuis les premiers idéogrammes jusqu’à aujourd’hui.
C’est fou de voir tout ce qu’on peut faire, imaginer, à travers ces 26 signes qui composent notre alphabet
et qui sont l’essence de la transmission, par conséquent de notre évolution.
QUE T’APPORTENT LES RÉSEAUX SOCIAUX COMME INSTAGRAM
ET COMMENT L’UTILISES-TU ?
J’essaie de ne pas me prendre trop la tête avec insta à me dire qu’il faut poster comme ci ou comme ça,
ou à tel heure, tous les jours… J’ai quand même voulu donner une cohérence visuelle à mon feed,
l’arrivée du carrousel a permis de faire une photo de couverture chartée et rentrer en profondeur dans chaque projet, production en faisant défiler par la suite.
C’est uniquement d’un point de vue artistique et pro que je l’utilise (il y a quand même des moments d’égarements avec des stories hors sujet à des heures improbables, tmtc).
C’est le support qui m’apporte une bonne visibilité, quelques projets indirectement et une grande dose
de motivation en ayant accès rapidement à une masse d’artistes fous qui vont toujours plus loin.
Il permet aussi aux personnes qui m’entourent de près ou de loin de savoir ce que je fais plus concrètement. Dire aujourd’hui, je suis graphiste, peintre, graffeur, passionné par le dessin de la lettre, veut tout et rien dire. La plupart des gens ont Instagram, c’est la première chose qu’on te demande quand tu dis que tu dessines
ou que tu peins.
C’est une sorte de portfolio facile d’accès que les gens peuvent suivre facilement, contrairement à Behance, Dribble ou un site perso. Ce qui amène forcément à un moment donné à des projets grâce au bouche à oreille.
On va pas se le cacher, c’est aussi de la branlette qui fait du bien à l’égo et qui donne de la force.
PEUX-TU NOUS FAIRE PARTAGER TES LIENS IG ?!
www.instagram.com/etienne_renard/
www.instagram.com/club_lettreurs/
www.instagram.com/franckpellegrino/
www.instagram.com/outline_studio/
www.instagram.com/wwwesh.studio/
www.instagram.com/owengildersleeve/
www.instagram.com/atelier_bingo/
www.instagram.com/tristan_kerr/
www.instagram.com/benjohnstondesign/
www.instagram.com/insta_grems/
www.instagram.com/pepitecollectif/
www.instagram.com/rougevertblanc/
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www.instagram.com/felipepantone/
www.instagram.com/guidodeboer/
www.instagram.com/tomas_lacque/?hl=zh-cn
TA DERNIÈRE EXPO DÉBUT JUIN AU MARCHÉ NOIR PRÉSENTAIT
DES TABLEAUX TYPO EN VOLUME ENTRE GRAFFITI ET ABSTRACTION.
PEUX TU NOUS PARLER DE CETTE DÉMARCHE
ET DE TON APPROCHE DU LASER ?
Dans cette expo, j’ai voulu aborder les formats à travers des compositions fortes et très structurées. Comme tu l’as dis, c’est un mix entre les différents styles et approches des lettres que j’affectionne,
d’où son nom « Hybride ».
On peut l’imaginer comme une entité qui a un trouble de personnalité multiple.
Je me suis imposé de travailler la couleur pour une fois. Je suis depuis un moment dans la facilité N&B + doré ou une couleur, c’était un petit défi pour moi de rechercher un nuancier avec lequel travailler qui sortait
de ce que j’ai pu faire jusqu’à présent.
Le laser est un outil simple et efficace pour avoir un rendu très propre comme je l’aime
et me permet de donner du relief à mes créations.
Il permet vraiment de tester différentes choses rapidement et sur différents matériaux.
Pour l’occasion, j’ai fait des portes-clés en plexi que je donnais au vernissage, j’ai fait une lampe typographique pendant ma licence, testé des patchs en cuir gravés au laser pour coudre sur du textile.
QUELS SONT TES ANNONCEURS ?
PEUX TU NOUS DÉCRIRE TES DIFFÉRENTES MÉTHODES DE TRAVAIL ?
QUE CE SOIT POUR UN MUR, UN LOGO OU UN SKATE.
Mes annonceurs sont assez variés, ça peut être une salle de crossfit comme une agence immobilière,
un mur pour un évènement, une déco dans une Start-up, la communication d’une pièce de danse contemporaine, l’identité visuelle d’un coiffeur-barbier.
Je n’ai pas de secteur dans lequel j’évolue particulièrement.
Quelque soit la finalité, le projet commencera toujours sur une feuille que ce soit des idées gribouillées
à l’arrache ou des sketch plus poussés.
Pour un projet de logo il y aura forcément une partie recherche de référence, moodboard…
Pour les projets muraux, je le fais si le projet est en accord avec mon univers et si ce n’est pas le cas
je rentre en discussion avec le commanditaire pour l’orienter vers quelque chose qui me plait.
Si ça ne match pas, je préfère ne pas faire quelque chose qui ne me plait pas.
Pour la salle de crossfit par exemple, à l’origine le client me demandait de recopier un mur bien beauf
d’une salle partenaire, la pire des situations !
QUE PEUX-TU NOUS PARLER DE TES PROJETS ACTUELS ET À VENIR ?
J’ai vraiment eu de bons retours sur l’expo au Marché Noir, j’ai eu quelques commandes depuis
et ça m’a motivé à en préparer une autre pour cette fin d’année.
Je vais me concentrer sur de plus grands formats et apporter un peu de matière, texture, issues des outils que j’utilise comme les brush pen ou le spray ; rapporter un peu vie avec une place à la spontanéité
qui me manque dans ces dernières prods.
Avec l’acolyte Béni et mon frère Paked, on pense à développer un petit festival d’art urbain sans prétention dans les Landes. À l’instar du zine Lezineki que j’avais fait avec le frérot, l’objectif serait juste de se faire plaisir en regroupant des artistes qui nous font kiffer.
On pense toujours à faire du textile, comme beaucoup, d’où les tests de gravure sur cuir.
Je vais quand même sûrement faire une petite série de tees pour délirer avec des tampons en linogravure.
En parallèle, je vais sûrement collaborer avec le poto Huit Mains, sérigraphe et créateur de skate maison,
pour développer une petite marque. Il presse ses propres boards dans son atelier.
L’objectif dans un premier temps serait de créer l’identité de celle-ci et de faire une première collab sur board.
Affaires à suivre…
Damien PAQUIOT
Design graphique – Lettering
www.instagram.com/pseeena/
www.behance.net/DamienPaquiot
Merci Psena pour cette itw passionnée, avec du caractère, du corps & une certaine casse !