J’ai préparé une série d’articles de Montpellier à Nantes en passant par Toulouse.
Je te propose de découvrir quelques-uns des projets professionnels pour cette année 2019
que nos étudiants ont réalisé et présenté lors de leur oral de BTS.
Après l’article sur le projet en Design d’Espace de Sarah, je continue avec Léo et son projet
sur l’aménagement d’une place en skatepark.
Mais avant, qu’est-ce que le design d’espace ?
DESIGN D’ESPACE
Le BTS en Design d’Espace forme des concepteurs d’espaces.
Apprendre à concevoir des réalisations pérennes ou éphémères,
aménager des lieux de vie intérieurs comme extérieurs, privés comme publics.
Une formation, à la fois artistique et technique, qui pourra ensuite ouvrir les portes de l’architecture.
Les étudiants qui choisissent cette voie, sont entre autres, formés aux métiers
de l’aménagement de l’espace, de l’architecture, des techniques de construction et de la scénographie…
Les deux années d’études du BTS Design d’Espace se concluent par le passage de l’examen.
Les étudiants réalisent un projet professionnel, qu’ils devront présenter lors d’un oral à l’examen.
Ce projet permet de mettre en pratique leurs compétences
et de montrer leurs capacités à s’investir dans un programme de design d’espace.
PROJET DE SYNTHÈSE DESIGN D’ESPACE, SÉRIE 4
L’ESPRIT SKATE
PRÉSENTATION
Située dans le quartier Compans, la place de l’Europe est la plus grande place du centre ville de Toulouse
avec une superficie de 12.000 mètres carrés hors aménagement.
Malgré sa superficie, elle est aujourd’hui désertée du fait d’un manque d’activités.
Elle se trouve juxtaposée aux jardins de Compans qui eux connaissent un réel succès.
Afin de dynamiser la place de l’Europe, la ville de Toulouse lance un appel à projet concernant
le réaménagement de la place.
Le cahier des charges comprend :
l’aménagement de 8000 mètres carrés,
la réalisation de mobiliers urbains,
une guinguette d’environ 40m2 avec terrasse ombragée et local technique,
des sanitaires.
La place de l’Europe est actuellement désertée des Toulousains, seulement quelques enfants à vélo
ou skateurs la pratiquent. Un aménagement proposant à la scène de skate Toulousaine de faire vivre
la place ne peut que l’aider à la dynamiser.
Dossier (lien)
PROJET & AXE
Une agora en résonance avec son temps
L’enjeux étant de dynamiser cette immense place désertée des Toulousains en faisant entrer
cette culture urbaine qu’est le skate dans leur quotidien.
Faire cohabiter ces deux usagers sur la même place, sans les séparer était le challenge.
Il me fallait un moyen d’inviter skateurs et piétons à investir la place sans que l’un ne gène l’autre.
Le skate se pratiquant aux origines dans la rue, le premier dessin d’aménagement a été créé à partir
des différentes circulations possibles au sein de la place.
Tracer les grands axes afin de créer des rues intérieures.
Une vingtaine de mobiliers aménagent les espaces ainsi dessinés.
Projet (lien)
Ces mobiliers accueillent trois fonctions :
un bac végétal au centre, une assise pour les piétons et une rampe de skate.
Afin que les trois éléments soient en harmonie, l’espace végétal, clé de cette cohabitation,
se trouve au centre : zone tampon entre l’assise et la rampe de skate. Elle sécurise les assises vis à vis
du skate, apporte de l’ombre, fait entrer de la végétation au sein de cette place.
Le skateur, lui, vient pratiquer pour son propre plaisir, dynamisant ainsi la place en divertissant le piéton
placé en tant que spectateur au centre de celle-ci.
Le second élément du programme se trouve être la micro architecture.
Une guinguette avec une terrasse en hauteur permettant aux usagers de prendre de la hauteur et un meilleur point de vue sur l’activité de la place.
Cette architecture est traitée de la même manière que les mobiliers, afin que l’ensemble soit homogène.
Mobiliers comme architecture sont « skatables » c’est à dire praticable, réalisant un « spot de skate géant », fantasme de plus d’un skateur !
Bien que l’aspect skatable de la place est explicite, il nécessite un regard affuté par la pratique afin
d’en déceler les figures possibles et « lines ».
Au-delà des contraintes d’aménagement, se dressent des enjeux bien plus conséquents.
Redonner une place à cette pratique qu’est le skate, redonner vie à un espace urbain délaissé
en y faisant entrer cette culture urbaine.
Revaloriser une place par l’art du skate à l’image de Macba à Barcelone, et faire de ce lieu un emblème
de la ville de Toulouse et de sa culture du skate jusque là peu mise en avant.
Un lieu de mise en scène de l’esthétisme de ce sport, un espace urbain repensé par un regard pratique,
des formes nouvelles pour des fonctions adaptées.
La scène de skate Toulousaine, au coeur de la ville,
une agora en résonance avec son temps.
INTERVIEW
POURQUOI AVOIR CHOISI CE PROJET ?
Ce projet étant l’aboutissement de mon BTS,
il m’a permis de réaliser un rêve d’enfant
en quelque sorte.
Je suis entrée en Design d’espace avec la volonté de dessiner des skateparks, ce projet m’a permis
entre autre de réaliser ce rêve !
Le contexte de la place m’a fortement poussé à dessiner ce projet, en effet, c’est sur cette place
que j’ai fait mes premiers pas en skateboard.
Dix ans plus tard, en voyant le projet d’aménagement prévu pour la place, je me suis dit que
c’était le moment d’y rajouter mon grain de sel afin de conserver l’esprit skate de cette place.
COMMENT S’EST PASSÉ LA COLLABORATION AVEC L’ANNONCEUR ?
Le projet étant fictif , il n’a malheureusement pas été présenté à la ville de Toulouse.
J’ai cependant présenté le projet à de nombreux skateurs locaux qui m’ont donné d’excellents conseils
et retours afin de rendre le projet plus cohérent. Nombreux auraient voulu voir ce projet se réaliser.
QUELLES ONT ÉTÉ TES SOURCES D’INSPIRATIONS ?
Deux approches dans ce projet ont leurs propres inspirations, l’approche formelle concernant mes mobiliers ainsi que l’organisation de la place fût dessinée par la pratique du skate elle même.
Une forme résultante d’une fonction, de la pratique de l’urbain.
Pour la seconde approche, plus philosophique j’ai étudié le travail du plasticien Raphaël Zarka
et de sa réflexion autour du skate auprès de deux de ses ouvrages :
« La conjonction interdite » traitant du skate en tant que pratique urbaine
et « Riding modern art » un recueil photographique revenant plus à l’approche formelle.
Ce va et vient avec ses différents travaux m’ont permis de dessiner ce projet n’étant non pas une sculpture
ni un skatepark mais une place publique.
AUJOURD’HUI APRÈS L’OBTENTION DE TON BTS,
COMMENT ENVISAGES-TU LA SUITE ?
Une nouvelle aventure démarre pour moi, j’entre en L1 d’architecture à l’ENSA de Saint-Etienne
où je souhaite poursuivre jusqu’au master afin de décrocher le diplôme d’architecte.
AS-TU DES PROJETS PERSONNELS À VENIR ?
Mon objectif actuel est de me faire un maximum de bagages afin de pouvoir exercer plus tard
en tant qu’architecte bien que je ne sache exactement dans quel domaine, c’est aujourd’hui ma passion
pour l’architecture et le dessin qui me guide.
Ma formation de Designer d’espace m’ayant donné une approche plastique de l’architecture,
c’est maintenant l’approche technique que je souhaite développer afin d’acquérir une certaine polyvalence
me permettant de travailler sur un champ large (architecture événementielle et pérenne, urbanisme
ou aménagement …)
Merci à Léo, à ta vision d’un espace urbain vivant et d’une mixité positive entre skateurs et riverains.
Bonne continuation !