Lors des JPO du 15 février à l’Esma Toulouse, j’ai découvert un projet qui a piqué ma curiosité…
lumineux mais opaque, généreux mais invisible, familier mais hostile.
Je tenais à te le faire partager.
LE BERLINGO DE M. DAURIAC + HABITER = SCULPTURE ?
Voici l’énoncé proposé aux étudiants de Design d’Espace en arts plastiques par M. Dauriac lui même !
Il est à considérer comme un point de départ à partir duquel il faut travailler.
J’ai demandé à Benoit son ressenti par rapport à ce que cela pourrait engendrer : Aucun. (quoique)
« Plutôt une véritable excitation, curiosité de savoir comment ils allaient s’approprier cet énoncé
et du même coup mon Berlingo !
C’est quand même ma voiture, une part de mon intimité : je donne de ma personne en « pâture » !
Et je suis leur professeur d’arts plastiques !
Jusqu’où oseront ils aller ?? «
Le Berlingo oeuvre d’art ?
L’élément central de ce sujet est le Berlingo de Monsieur Dauriac.
Ensuite, nous avons dû nous questionner sur la notion d’Habiter et la notion de Sculpture.
Le papier aluminium dans cette installation a permis de faire ressortir les moindres détails du Berlingo.
La couleur gris métallique fait référence à la tôle originale du Berlingo.
Le Berlingo est entièrement recouvert d’aluminium et questionne sur l’accessibilité ou non de l’intérieur.
Cette « couverture » nous offre un nouveau regard sur le Berlingo sur sa forme et ses détails.
Le reflet du papier aluminium apporte ici la notion de sculpture, avec ce changement de matière le Berlingo vient refléter les véhicules environnants. En effet, dans un parking placé au milieu d’autres voitures
il se différencie par sa brillance qui attire et interroge.
Ainsi en recouvrant entièrement le Berlingo d’aluminium, le véhicule perd une de ses fonctions
qui est d’être habitable et change notre perception de l’objet industriel.
« Après beaucoup de recherches, ce sujet m’as permis de trouver une idée clé et de la poussée à son paroxysme. Le Berlingo est un objet imposant, ses formes sont devenues des contraintes autour
de la matière. »
Louise Vigier
Le Berlingo ou la notion de l’intimité
Lors de mes recherches et expérimentations, j’en suis venue à la conclusion que la notion d’«habiter»
relevait de l’intimité de la personne qui habite l’espace.
J’ai voulu retranscrire cette notion en faisant un rapprochement entre les vêtements d’un individu
qui sont là pour couvrir et protéger son intimité et le tissu qui recouvre l’intérieur de la voiture.
J’ai choisi de reprendre les couleurs du tissage des sièges rouge et bleu par des fins fils de couture.
Le choix de l’épaisseur de fil fait écho au désir d’illustrer l’intimité.
Ce projet se présente dans l’espace de la voiture. Fermée seule la fenêtre conducteur est ouverte.
Ce n’est qu’en s’approchant de la voiture et de l’ouverture que le projet devient visible.
On découvre alors la propagation des fils colorés depuis le siège conducteur jusqu’aux autres surfaces
tissés de la voiture (sièges et portes).
La propagation des fils dans l’habitacle de la voiture vient souligner la notion d’« Habiter l’espace ».
La fenêtre ouverte nous invite à passer notre tête dans l’encadrement pour apprécier les différents
sens de propagation des fils rouge et bleus. Cette apparition progressive des fines lignes colorées
renvoie à la notion d’intimité qui fédère le projet.
L’action de passer sa tête par la fenêtre pour s’insinuer dans l’habitacle de la voiture fait également référence à l’action de pénétrer dans le cercle intime d’une personne.
En se rapprochant d’une personne et en pratiquant les objets qui lui appartiennent,
on entre dans une relation intime avec cette personne.
« Ce projet m’a permis à la fois d’expérimenter plastiquement un concept, une idée;
tout en appliquant à l’art plastique une notion de Design d’Espace en occupant un espace.
J’ai apprécié de pouvoir créer en utilisant un objet « réel ».
Me permettant ainsi de dépasser les limites que les projets artistiques scolaires peuvent parfois avoir. »
Océane Garreau
Le Berlingo immobilisé
Pour ce projet d’Art Plastique, j’ai acheté un Berlingo miniature afin de réaliser plusieurs moulages en usant d’outils simples comme de la colle, du scotch ou du fil de fer.
J’ai continué à faire des moulages mais avec des mâtières plus complexes comme de la résine ou le stylo 3D.
Pour finir, j’ai choisi le plâtre plus précisément des bandes plâtres pour recouvrir le Berlingo.
En réalisant une série de tests je me suis rendue compte que si je superposais des bandes, le Berlingo
était tellement recouvert qu’on ne le reconnaissait presque plus. C’est cette notion qui m’a intéressé.
J’ai donc réalisé une série de trois photographies de mes volumes, avec l’aide de Jeanne Lucas étudiante
en photographie à l’ETPA, afin de rendre compte de l’évolution vers un Berlingo inhabitable.
La première photographie montre un Berlingo avec des ouvertures, il est encore accessible.
La seconde, sans ouvertures le rend inaccessible.
La troisième, montre un Berlingo recouvert de plusieurs bandes de plâtre, brouillant la lecture de celui-ci,
il devient donc inhabitable.
« J’aime travailler avec mes mains, réaliser ma propre cuisine et ma propre interprétation,
ce sujet assez libre m’a beaucoup plu. D’autant plus, que j’ai réussi à prendre le contre pied sur le sujet
ce qui m’a permis d’aboutir à un projet concret. »
Clémentine Bricard
Merci à Louise, Océane et Clémentine, ainsi que M.Dauriac pour leur participation !